Anthony ASSANDRI

 Les mentors nous les connaissons. Nous les côtoyons pendant plusieurs semaines, que ce soit via les cours vidéo, sur slack, dans les channels adéquates ou en MP, et surtout pendant les lives. À travers cette rubrique, nous allons essayer de découvrir les artistes, les professionnels, les humains qui se cachent derrière ces mentors. ✨


Nous vous l’annoncions dans la précédente édition du journal, nous avons eu l’idée d’interviewer des mentors. Pour cette première interview, Anthony Assandri (mentor des B1 en Atelier 2D et responsable du cursus CAI) nous a fait le plaisir de participer. ✨


Bonjour Anthony ! Déjà merci pour ta participation et ton enthousiasme, et surtout d’avoir pu libérer un moment. (NDLR, je m’y suis pris au dernier moment)

Bonjour ! Eh bien écoute allons-y !

Je vais te demander de te présenter rapidement , ta vie professionnelle, et personnelle, les deux sont souvent liées.

Oui c’est vrai. Alors déjà depuis tout petit j’ai la chance de savoir ce que je veux faire. J’ai toujours été très fasciné par les dessins animés. Sauf que, quand j’ai fini par grandir, j’ai un peu délaissé le truc, j’étais un adolescent qui n’avait pas confiance en lui. Je me disais que c’était foutu, qu’il n’y avait pas de travail là dedans. 
Ou alors que je ferai ça un jour, je le savais. Et après le lycée j’ai suivi des études d’ingénieurJe détestais ça vraiment. Et quand j’essayais chez moi de bidouiller sur des logiciels 3D et 2D, seul avec des petits tutos sur Internet, je me disais que ça allait être compliqué.

À la fin de mon BTS d’ingénieur mécaniquej’ai laissé tomber, il n’y a pas de plan B dans la vie, quand on veut vraiment un truc il faut y aller tout simplement.
Donc j’ai fait un prêt à la banque, que j’ai fini de payer il y a à peine 2 mois, car c’est très dur de financer les écoles, depuis toujours. J’étais parti dans une école à Montpellier, qui n’existe plus aujourd’hui puisqu’elle était mauvaise en 3D. Ce n’est pas grave, je dis toujours que l’école n’est qu’un tremplin, elle est là pour apprendre mais le travail c’est à soi de le faire

Donc j’avais bossé comme un acharné, et bien que l’école soit bidon, j’avais pu sortir avec un job direct. Animateur 3D, un peu généraliste, je pouvais aussi faire de la modéJ’ai été dans deux boîtes en même temps et elles étaient très différentes. L’une qui faisait un peu de tout, ils pouvaient créer de la publicité à la TV, ou alors des films d’entreprise. 
J’avais touché à tout, par exemple, pour la ville de Paris, j’ai modélisé des camions pour couper les platanes dans les villes. Je l’avais modélisé, animé, puis dans un logiciel de montage mettre des effets, des moves de caméra, etc... Je travaillais sur Cinema 4D, et l’autre boîte sur 3ds Max, sauf que j’avais appris sur Maya, comme quoi il faut toujours s’adapter.

Dans l’autre société, ils voulaient reprendre les vocaloids du Japon, en mode français. J’y croyais pas du tout à ce projet, mais j’ai découvert un monde que je connaissais pas et qui fonctionnait, j’ai fait bouger un personnage qui faisait des concerts en hologramme 😂. Même moi je trouvais ça fou, je ne m’y attendais pas.

A côté j’avais pu retoucher à la 2D bizarrement, et au storyboard précisément. C’est là où je me suis dit que je n’avais pas envie d’être un technicien, que je voulais raconter des histoires
Donc je me suis remis à la 2D, seul dans mon coin pendant longtemps. Je dessinais tout seul comme un acharné. J’avais même abandonné la 3D, j’avais pas envie de me lever le matin pour faire ces trucs là, ça me passionnait moins que prévu, Et donc je dessinais tout seul comme un acharnéTous les jours des entraînements de 3-4h. Chronométrés et de tout et n’importe quoi. 

En parallèle du travail du coup ? 

Il fallait bien que je travaille à côté. Heureusement mon BTS m’a bien aidé parce que j’ai pu choper des boulots qui m’assuraient un peu de tranquillité. Travailler à côté, le soir ou mes jours de libre, c’était dur et une organisation à trouver. Puis avant de retourner dans l’animation j’ai fait des petites commandes à droite à gauche, en tant que graphiste, et surtout comme BDiste pour des clients, de la pub notamment. Expérience très drôle dans ma carrière, j’ai travaillé pour la TV chinoise, la CCTV. Toutes les semaines ils avaient besoin d’une ou deux BD, pour parler de leur culture, en français pour gratter du public français, et surtout pour cracher sur les américains. Donc de la BD rigolote et propagande, c’est pas le truc dont je suis le plus fier, c’était très bien payé en tout cas.

Autre expérience amusante, j’arrête les commandes de graphiste depuis 2-3 ans, mais quand tu te fais des amis dans ce milieu, qu’on a besoin de toi, et tu dis que tu peux pas être là, mais bon, si c’est facile et bien payé, tu y vas. Et des fois il y a des demandes tellement bizarres que j’ai dit oui à une demande très particulière, j’ai travaillé pour le Ministère de la Santé et précisément la santé sexuelle. C’était du chara design, un personnage qui parlait de santé sexuelle et prévention dans les prisons. C’était tellement wtf que je n’ai pas pu refuser.

Après j’ai pu récupérer le storyboard, plus dur que je le pensais et finalement le plus dur de l'animation. D'ailleurs quand tu es storyboarder, il y a une petite blague dans les studios.
«Tu es storyboarder, tu es fou pourquoi tu fais ça ?». En revanche, c’est peut-être l’un des mieux payésMais c’est énormément de travail, un rythme très soutenu, très dur parce qu’il faut très bien gérer son temps, réfléchir à mille trucs. Et le rendement est dur, en se disant que tu ne peux pas bien dessiner puisque tu n’as pas le temps et donc dessiner suffisamment juste pour que le document passe entre toutes les mains qui vont bosser avec après. Donc c’est la principale pression du métier. Mais j’aimais beaucoup ça, même si dans la vie perso, parfois c’était difficile de lier les deux.
Et j’ai fini ce morceau de ma carrière en étant assistant réalisateur pour Netflix et pour une boîte en Australie, Melbourne. C’était très bien, je corrigeais des storyboards principalement. Et c’était un moment où j’avais beaucoup de demandes pour être prof dans des écolesIl y a 2 ans, j’étais à Angoulême. J’ai pu bosser un peu partout, d’abord Montpellier, Angoulême, Paris et puis Annecy.

Que des belles villes ! Enfin sauf une, on ne dira pas laquelle.
 
Exactement ! Enfin, oui, Angoulême c’est vraiment très laid.                  

Je pensais pas à celle-ci mais c’est ton avis! 😂

Ah OK ! 😂 Alors je vois très bien de laquelle tu parles. Je suis plus ou moins d’accord parce que le trop plein de monde me déplait fortement. Mais, en gros, c’est quand même dans ces villes là qu’il faut travailler. A noter que les deux grosses villes de l’animation en France sont Angoulême et Paris. D’ailleurs Angoulême il y a bien 5-6 boîtes d’animation, et même de jeux vidéo.

Angoulême, la ville de la BD aussi.

Oui, surtout parce qu’il y a le festival de la BD (NDLR du 26-29 janvier 2023). Et c’est un autre monde, les auteurs de BD vivent parfois sous le seuil de pauvreté. Travailler dans la BD c’est très bien, mais il faut le prévoir en amont.

Ensuite, j’ai eu un petit dilemme, parce que le monde de l’animation ne m’avait pas déçu, je me suis bien amusé, en revanche, je n’ai plus trop envie de travailler pour quelqu’un d’autre. Les projets des gens sont très bien, mais en France, une chose me chagrine depuis quelques années. Bien que l’animation se développe beaucoup, j’en ai marre de voir de l’animation pour enfants. Toujours les mêmes choses, les mêmes techniques, et surtout on ne fait pas confiance aux créateurs. On va te faire le dessin animé Idéfix par exemple, des dessins animés de licence connue de livres jeunesse.

On mise sur les valeurs sûres, les licences dont on sait qu’elles fonctionnent. Et les enfants ne sont pas trop exigeants non plus.

Exactement. Et donc la prise de risque ne se fait pas, et on pourrait en venir à une crise de l’animation si on ne se bouge pas un peu
Mais je suis parti pour être prof, parce qu’ on m’a toujours dit «tiens tu veux pas faire prof», donc pourquoi pas, et j’ai été prof dans 4 écoles en même temps, les Gobelins, Campus Academy, Brassart et Artline. Jusqu’à ce qu’on me propose plusieurs petits contrats à plein temps dans ces écoles-là. Artline a été le plus intéressant puisqu’à côté j’ai pour ambition de créer mes propres séries d’animation. Et puis il y a eu Arcane, et pour moi cette série a ouvert une petite brèche.

C’est ce que tu attendais plus ou moins, venant du monde de l’animation ?

C’est ce que j’attendais précisément. Une très grosse licence qui met énormément d’argent pour proposer un truc qui a beaucoup plu au public et impressionné le monde entier. On a mis la France sur la carte. On a beaucoup de talents en France, de gros artistes et on pourrait développer quelque chose de formidable, on va vers quelque chose de très beau s’il y a des acteurs pour faire avancer les choses.

Enfin, être responsable de cursus me va bien, parce que j’ai voulu avancer un peu plus loin dans l’enseignement, et à côté ça me laisse le temps de travailler avec de jeunes talents et développer des séries d’animation.
C’est mon projet qui est amené à être développé. C’était très long, je suis désolé mais tu m’as dit de te parler de tout, au moins il n’y a plus de secrets.

Et c’est super. Je vais quand même poser quelques questions. Pourrais-tu nous parler de quelques projets sur lesquels tu as travaillé et ce que tu en as tiré ?

J’ai souvent travaillé sur des projets à tout petit budget, des trucs pas terribles et même certains qui sont sortis seulement cet été et dans certains pays. J’avoue que je n’ai pas de travaux très renommés. Par exemple, j’ai travaillé sur... Little Penguin Adventure, qui pourtant avait des prétentions assez hautes, mais qui s’avéraient assez bancales quand on a quitté la pré-prod, puisqu’on a dû travailler ensuite avec une équipe chinoise et c’était difficile.

Donc je n’ai pas de travaux très renommés, c’est d’ailleurs pour moi quelque chose qui me manque mais d’un autre côté la renommée dans quoi ? Pourquoi ? Qu’aimerais-je aujourd’hui dans l’animation ? Si j’avais travaillé sur Arcane, j’aurais trouvé ça super, mais techniquement je ne pense que j’ai pu être assez fort pour eux. Mais à part ça, je crois que je n’aurais jamais été satisfait de quoique ce soit je dois avouer.

Bosser sur un gros projet ça peut être très satisfaisant, mais peut être pas à la portée de tout le monde aussi.

Pas à la portée de tout le monde, mais par exemple Illumination c’est super ce qu’ils font, mais si on me demande de travailler pour eux je ne vais pas y aller avec plaisir. J’irai, parce que ça fait joli sur un CV, mais pas avec plaisir. Tous en scène oui c’est rigolo mais je ne dirais pas que j’aime ce film. Les Minions je n’ai jamais été trop dedans. Pour l’instant, il n’y a
pas de projets qui me parlent en France. Travailler sur des gros projets, c’est super, pour plein d’artistes, mais moi j’ai du mal, se casser la tête à travailler pendant des années sur un projet et finalement avoir travaillé sur Idéfix en 3D ou Oui-Oui saison 5. C’est mon avis, et plein d’artistes se plaisent là-dedans, je suis très content pour eux, moi je n’aurais pas pu
faire semblant.

Je comprends. Du coup un apprenant demandait sur quels projets tu avais pu bosser pour voir où on pourrait être dans quelques années.

En fait, dans quelques années vous pourrez vous retrouver n’importe où. Pour le rassurer, actuellement je vois des portfolio de B3 et certains extrêmement talentueux, que je peux recommander dans beaucoup de boîtes, et dont une qui pourrait carrément bosser pour Fortiche
Honnêtement vous pouvez vous retrouver n’importe où, et je ne vous invite pas à vous calquer sur les mentors. Par exemple, si je recrute des mentors, je vais recruter sur ce que je sais de leur travail et comment ils travaillent, et non sur leur renommée. Vous avez peut-être des mentors avec une certaine renommée mais que je ne trouve pas très pédagogue. 

"Ne vous calquez pas sur les autres, construisez-vous techniquement et vous verrez plus tard où vous allez tomber. Vous irez n’importe où si vous êtes forts."

Alors question du même apprenant, selon toi, le point fort pour être un bon artiste ?

Déjà il faudrait se spécialiser. Dans toutes les écoles on vous apprend les choses de façon globale et après pour creuser plus loin il n’y a plus vraiment d’enseignement. Ou alors tu achètes un livre pour avoir la petite info en plus, ou tu montes un petit collectif. Par exemple, si tu es en I3D, travaille de ton côté tout ce qu’on
te propose mais pousse un peu plus le modeling par exemple, trouve des potes avec qui travailler et là tu pourras te spécialiser bien comme il faut. Pareil en CAI, tu veux être chara designer ? Bosse les perso, fais des recherches. 

"Spécialisez-vous et surtout faites plus que ce qu’on vous propose à l’école."

Donc se spécialiser et aller toujours plus loin dans l’amélioration.

Et ne pas négliger certaines matières. Je l’avoue quand j’étais à l’école j’ai pu négliger certaines matières et bien mal m’en a pris. Imagine après tu es storyboarder, tu es obligé de parler à tout le monde, de savoir ce qu’ils vont faire de ton storyboard. 
Certains vont dire qu’ils ne veulent pas apprendre l’illustration jeunesse, on ne vous apprend pas seulement l’illustration jeunesse, cela vous permet de remettre en question votre
style de dessin et d’apprendre à vous trouver. Au final se spécialiser sans négliger le savoir qu’on vous enseigne autour.

Merci pour ce conseil. Je vais te demander maintenant ta meilleure expérience, et la pire. On compte sur toi pour la transparence bien sûr. Sans citer de noms si tu préfères.

La meilleure et la pire ? 😂. Alors la pire, même si j’ai rigolé de partout et je regrette rien, ma pire expérience j’en aurais bien 4-5, parce que.. j’ai une éthique particulière qui fait que selon le patron et ses méthodes, j’ai un peu les nerfs. Peut être que ma pire expérience c’est quand j’ai travaillé pour de la BD en Chine, parce que eux ont une façon de travailler bien particulière qui match mal avec la nôtre. Ils ont une façon assez hardcore de faire. C’était peut être ma pire expérience oui de travailler avec la TV chinoise, surtout pour la relation avec mes collègues. On ne peut pas parler de tout. 
Par exemple, à cette époque-là on parlait des ouïghours en France. Travailler avec une sorte de censure, c’est bizarre, même si c’est une contrainte comme une autre je n’ai pas bien aimé ça. Et même si c’était payé grassement, ils étaient capable de demander des retakes alors que c’était passé et payé. Le retake doit être payé c’est écrit comme ça dans le contrat. Pour eux c’est tellement pas possible alors que c’est quand même la chaîne n°1 en Chine.

Quant à ma meilleure expérience, c’est lorsque j’ai travaillé lors du deuxième confinement pour cette petite boîte à Melbourne, qui avait de très grosses ambitions. Faire des petits dessins animés en 3D pour enfants, un peu comme en France, mais avec une qualité technique qui dépassait la classique série d’animation. J’ai pu faire des épisodes où j’ai bien rigolé, c’est ça qui m’a le plus plu. 
Quand tu rigoles bien dans ton travail, c’est mieux. Et puis, je pouvais proposer des changements dans le scénario, et d’autres trucs. Non seulement j’avais une certaine liberté et ce que je faisais était rigolo. Une expérience très épanouissante en tant que job et aussi en tant qu’artiste. Le truc le plus important, ça parle à l’enfant au fond de nous. On a tous été des enfants devant des dessins animés et on a tous voulu que ce soit à nous de le faire. Et là c’était à mon tour c’est pour ça que ça m’a touché plus qu’autre chose.

J’enchaîne avec ton rôle de mentor/prof. Du coup, ta meilleure expérience en tant que mentor/prof ?

Alors la pire, je n'ai pas honte de le dire c'est à Campus Academy. Ils sont nouveaux et je déteste leur façon de procéder, ils mélangent plein de classes qui n'ont rien à voir. Du jeu vidéo, de la mode, de la finance, etc... 
En salle des profs je pouvais me retrouver à côté d'un prof de maths. Je leur ai même proposé une amie qu'ils ont mis des mois à payer donc je ne leur fais pas de pub. Je souhaite ne plus travailler avec eux, alors qu'ils m'avaient proposé le même rôle qu'à Artline, revoir l'organisation du cursus, réécrire les cours, etc...

Ma meilleure expérience, bizarrement, ce n’est pas à Artline 😂 j’y suis très libre et très bien, mais ma meilleure expérience j’hésite entre Gobelins et BrassartAux Gobelins je m’entendais très bien avec mes collègues et mon patron, c’était formidable. Mais à Brassart, non seulement les élèves y arrivent et sont très bien sélectionnés à l’entrée, comme ici d’ailleurs. Alors pas toujours en B1 mais ça tend à être de mieux en mieux. En revanche chez Brassartj’ai eu à faire à des élèves pas du tout intéressés par le storyboard et je les ai tellement passionnés, qu’ils faisaient des mèmes sur mes cours. J’ai des tonnes de mèmes, comme celui de Batman qui gifle Robin, où je leur dis qu’il faut apprendre avec la souffrance. C’était une expérience très rigolote, et comme chez Artline je vois des élèves qui progressent très bien suite à mes conseils et ça me plait beaucoup.

D’ailleurs concernant les écoles, un apprenant demandait comment arrives-tu à gérer plusieurs UV/écoles différentes à la fois ? Es-tu à l’aise là dessus ou difficile quand même ?

Assez difficile oui, et c’est ce que je faisais l’année dernière. Cette année je ne travaille plus avec Brassart, ni Campus Academyet les Gobelins… Curieusement c'est ceux qui payaient le moins bien. Comme quoi au plus on est renommé et moins on met la main au portefeuille 😂. Les Gobelins maintenant je travaille différemment pour eux et je le fais facilement en dehors de mes heures de travail. Je suis des élèves en alternance, et j'aide des élèves qui réalisent leur mémoire.

Sinon aujourd’hui je suis à 100% chez Artline, en responsable de cursus. On va progressivement me retirer mon rôle de mentor en B1 même si j’y tiens. Je trouve que c’est très important que je puisse accompagner des élèves que j’aurai après en B2.

J’y pensais justement. T’avoir eu en mentor en B1 dès le début, ça décomplexifie les choses, ça rassure et tu es assez pédagogue. En début de B1 c’est bien sympa.

C’est les retours que j’ai pu avoir aussi, merci beaucoup. Donc j’imagine que le plus stratégique serait qu’on puisse garder cette formule-là. Et moi je peux faire 45h/semaine très facilement. J’ai pu le faire pour Netflix notamment, je n’ai aucun souci. C’est ce que j’aime aussi avec mon rôle de responsable de cursus, je peux être disponible et partout à la fois, cela m’arrive même d’être en réunion et répondre à des élèves. 😂

Alors, tu es responsable cursus CAI, ça ne pose à priori aucun problème, au vu de ton expérience. Tu gères aussi le cursus I3D, ça a pu poser question à certaines personnes, qu’en penses-tu ?

Je suis d’accord avec les questions que ça a pu poser. A la base j’ai travaillé en 3D, au tout début (NDLR comme dit plus tôt). Donc tout ce que vous faites en 3D, je le sais et je suis passé par là. Mais je rejoins aussi Artline, m’avoir proposé ce poste en plus pour l’instant, car l’école recherche quelqu’un qui serait capable de gérer de la même manière. Même si techniquement je ne suis pas au top parce que je ne pratique plus la 3D, je sais de quoi vous parlez, et je suis tout à fait capable de répondre à toutes les problématiques, des mentors, etc, pour l’instant.

Et tes objectifs en tant que responsable cursus CAI et I3D, à court et long termes ?

Pour l’instant je pars sur plusieurs années. A moyen terme ce serait d’arranger les petits trucs qui y auraient à arranger, et c’est pour ça que je pose des questions à beaucoup d’élèves. Je porte une attention particulière aux retours, des fois il n’y en a pas forcément de pertinents, et d’autres qui le sont énormément, et du coup avec mes collègues on travaille à la remise en place de la formation, réécrire des cours, etc. 
Je fais les retours aux mentors aussi, je prends toujours soin de regarder avec eux les retours des élèves, comment améliorer, changer les choses. C’est ce que je fais à court terme. Et à long terme, j’aimerais imposer ma façon d’enseigner, parce qu’ à Artline tout est déjà “prévu”, mais j’ai des petits trucs à vous proposer, qui non seulement font progresser, et en plus c’est amusant. Développer des exercices à ma façon. A long terme j’aimerais arriver à mettre un peu ma patte sur le cursus en tout cas CAI.

Merci pour ta réponse. J’ai vu que tu postais dans le canal jobs_ concept-art_illu, j’imagine qu’il en est de même sur les autres canaux du même genre, que dirais-tu à un apprenant, qu’importe son année à Artline, s’il était intéressé par l’offre d’emploi mais qu’il ne sent pas à la hauteur ?

Je lui dirais que c’est normal, et déjà c’est très juste de penser ça, on ne se sent pas parce que le métier est très difficile mais il faut quand même le tenter. Même si les recruteurs reçoivent mille mails d’étudiants qui n’ont peut être pas le niveau, au moins ça permet de se confronter à la réalité. Écrire un mail pour démarcher et montrer son portfolio c’est déjà un exercice, et il faut s’y atteler au plus tôt. Donc embêter les recruteurs, vraiment.

Tu dirais qu’y aller au culot est une bonne initiative ?

Alors... 😂, je te dirais que non, mais dans ma vie à chaque fois que j’y suis allé au culot ça a très bien fonctionné. Être prof de dessin aux Gobelins, ça me semblait improbable, impossible même. Mais j’y étais allé au culot 😂, j’étais de passage dans la ville et l’annonce est tombée.
Alors je les appelle et je leur dis “je passais par là je peux venir proposer mon profil”. Ils me disent d’envoyer un mail, le truc classique. Donc je leur réponds “je vous propose un truc, prenez-moi en essai, là c’est rapide vous avez besoin d’un prof maintenant”. Je leur dis “en bénévolat même, pendant un jour, si tous les élèves ne disent pas que je suis exceptionnel
ne me gardez pas”. Il me répond “j’aime le culot, j’ai confiance, on va en discuter”. Voilà. 😂

Question d’un apprenant, as-tu une journée type à Artline ?

J’aimerais, mais c’est impossible au vu du format de l’école. Quand je suis mentor/prof, je donne l’air farfelu, ce n’est qu’une façade, depuis des années je fonctionne avec la to-do list. J’ai une to-do list todo list mais je sais que je n’arriverai pas à tout faire forcément dans la journée. J’ai les trucs à faire au plus vite, ceux à faire courant de la semaine/mois, et ceux
sur le long terme. Je navigue entre ça et les centaines de sollicitations que j’ai chaque jour sur Slack, auxquelles j’essaye de répondre au plus vite, car par le passé j’ai pu souffrir du fait qu’on ne me réponde pas à des trucs urgents et je ne veux pas le faire subir aux gens.

Alors, on va enchaîner avec un sujet délicat. Tu as dû suivre ce qui s’est passé cet été j’imagine ?

Le mastère-gate ?

Qu’en penses-tu ? Maintenant que tu es responsable de cursus, te sens-tu libre de tout dire ? D’après toi, comment aurait dû ou pu réagir l’école d’une part, et d’autre part les apprenants ?

Si, si, je suis totalement libre, rassure-toi. Alors, deux choses à ça. Déjà, je ne l’ai pas vraiment suivi, j’étais mentor et je finissais des choses à droite et à gauche. J’ai vu qu’il se passait des choses mais je ne m’y suis pas intéressé, du coup je l’ai appris il y a à peine 2 mois. J’ai recueilli un maximum d’infos, de la part des apprenants et de la part de mes collègues. Et en fait tout le monde est d’accord sur une chose, oui Artline aurait dû mieux communiquer, et ne pas laisser s’envenimer
Sauf que c’est tombé au moment où tout le monde était occupé à autre chose. D’un autre côté, comme je l’ai dit au début de l’interview, une école ne sert que de tremplin donc c’est dur de
laisser s’envenimer les choses et rajouter sa sauce. L’effet de masse a toujours été mauvais. Je suis désormais derrière les coulisses, bon OK les mastères n’étaient peut être pas au top, mais actuellement on est en train de revoir ça avec mes collègues. D’ailleurs venez m’en parler, vraiment, parce que je vais venir moi-même vous en parler. 

Je sais ce que je veux vous mettre dans ce mastère mais par contre j’aimerais vos avis pour savoir ce que vous voulez y rajouter. Pour tout dire ce que j’en pense, c’est qu’il y a eu du négatif avec des élèves qui ne veulent plus entendre parler de Artline. Et aussi il y a plein de nouvelles mains à Artline, c’est dommage de ne pas nous laisser notre chance, et je les comprends tout à fait, ils ont raison d’être fâchés. Seulement, il ne faut pas gâcher les rêves
des nouveaux et les laisser tenter leur chance, chacun se crée sa propre expérience. Après tout, j’essaye d’en garder le positif, si je suis là aujourd’hui c’est peut être aussi suite à ça, on met en place des choses, il y a aussi une nouvelle notion de coaching arrivé avec tout ça.

Une question plus light et un peu wtf mais qui a été posée par un apprenant, si tu étais une plante laquelle serais-tu ?

Ah. 🤔Le baobab. Parce qu’il faut toujours avoir des rêves assez grands pour ne jamais les perdre de vue.

Le hasard fait que ce même apprenant a demandé, professionnellement quel serait ton plus grand rêve ?

Vivre de mes séries d’animation. Dans ma vie je me suis toujours confronté à la difficulté donc je sais que j’arriverai à en faire. J’aimerais pouvoir en vivre, pas forcément être reconnu par ça, parce que ça m’est égal, par contre j’aimerais que les trucs que j’ai dans la tête existent pour de vrai.

Je comprends tout à fait, car moi même quand j’ai décidé de me lancer à Artline en B1 c’était mon but, rendre vivant ce que j’ai en tête.

C’est le rêve de tous. Quelque part c’est beau, et non en même temps parce que c’est le complexe de l’artiste. On veut accoucher de choses qu’on a en tête mais on sera jamais rassasié. D’autres idées viennent remplacer les précédentes, tout le temps, c’est un éternel recommencement qui me plait beaucoup.

Question d’un autre apprenant, aurais-tu un barème de tarifs que les artistes en herbe pourraient proposer à leur client ?

J’aimerais vous faire une vidéo à ce sujet. Tout dépend de ce que vous vendez. Pour un concept, je vous conseille de le tarifer à la journée mais de ne pas y bosser une journée entière. Étendre sur plusieurs jours, il faut avoir des idées fraîches et tu ne peux pas avoir la tête dans le guidon toute la journée et avoir des idées fraîches. La meilleure pratique serait ça mais cela dépendra aussi du type de commande, du type de client et votre niveau. J’aimerais vraiment vous en parler, cursus après cursus, il faudrait qu’on en discute en B3. D’ailleurs j’ai dans l’idée de terminer les années de B3 avec des sujets plus professionnels.

Très bien. Toujours d’après un apprenant, quels seraient tes 3 conseils à donner pour les artistes qui tentent de percer dans le métier ?

S’entrainer toujours, je suis partisan de l’entraînement martial, militaire, sportif. Tous les jours vous faites un truc. Si un jour vous ne vous sentez pas, dessinez une pomme ou ne faites rien mais ne restez pas deux jours sans rien faire, ou alors si c’est vos vacances d’été. 
Dans une progression normale, on ne reste pas deux jours sans rien faire, faites toujours des trucs, tout en ayant conscience que des fois vous allez travailler avec acharnement et ça ne va pas être beau mais c’est pas grave, il vaut mieux avancer que ne rien faire

Conseil 2, faites vous des amis, c’est bête, mais profitez d’être dans une école en ligne. Vous pouvez vous faire des contacts dans toute la France. Soyez en contact et progressez ensemble

Conseil 3, restez passionnés. Transformer la difficulté en amusement. Voyez chaque difficulté comme un boss à abattre.

Et 3 mots pour définir un artiste et 3 mots pour te définir toi.

3 mots pour définir un artiste, ce serait rêveur, persévérant, et à l’écoute. Parce que l’empathie est la meilleure arme de tous les artistes, en plus de faire de soi un très bon humain. 

Et pour me décrire je dirais inattendu 😂 j’espère être rigolo, et pédagogue. On me l’a souvent répété, et s’il y a un truc dont j’ai conscience que je sais faire dans la vie c’est être pédagogue.

On arrive sur les dernières questions... Un apprenant a demandé si ça te dérangeait qu’on te suive sur Instagram. J’avoue ne pas comprendre la question.

Là c’est le moment le plus délicat ! 😂 La réponse est oui, parce qu’en fait mon Insta, à la base, c’était pour faire rire mes potes de l’animation. Les gens savent que je suis un peu farfelu. Pour être honnête mon Instagram n’est pas pertinent, j’y ai fait des blagues et je n’ai plus trop le temps de le mettre à jour. Je dirais que ça m’embête un peu mais faites-le si vous vous attendez pas à y trouver quoique ce soit d’intéressant. Et ArtStation est peut-être un peu mieux déjà.

Pour enchainer avec Instagram, quel rapport tu entretiens avec les étudiants en dehors de l’école ? Du mentoring à long terme ? De futurs collègues ?

Les deux. Alors j’ai envie de répondre rien parce que je ne m’attends à rien, parce que c’est comme des gens avec qui tu travailles, tu ne gardes pas forcément contact par la suite. Mais j’aimerais que ce soit de futurs collègues, j’aimerais vous voir plus tard dans de plus hautes sphères. Et j’ai pour projet de travailler avec quelqu’un par exemple qui est à Artline
Et plus tard, dès que vous quitterez Artline, peut-être que je vous demanderai de faire 2-3 petits trucs. Plutôt en tant que collègue après.

Très bien, c’est intéressant à savoir. Dernière question, as-tu une œuvre à conseiller ?

Peinture, je vous recommande d’aller, ou de vous intéresser, au Musée du Prado, à Madrid, qui est fantastiquement bien fourni. Avec de superbes explications, je suis tombé en amour pour ce musée qui recèle bien d'œuvres majeures et magnifiques
Sinon j'avoue, je ne consomme plus trop de culture par manque de temps.

Le dernier film que tu as vu ?

Bullet Train, que j’ai beaucoup aimé, parce que moi qui déteste la mise en scène de Tarantino, je trouve que ce film c’est du Tarantino en bien, et c’est formidable de se dire que c’est tiré d’un roman, un truc aussi dingue. Ca fait plaisir à ceux qui aiment la culture japonaise et en même temps c’est un film d’action complètement décomplexé, ultra bourrin, et avec des blagues super drôles et bien amenées.

Je pense à une autre question. Que penses-tu du BDA ? Qu’en attends-tu ? As-tu des conseils ? Et aux apprenants ?

Alors, je trouve que c’est super que vous ayez monté ce truc-là, je trouve que c’est super votre ténacité d’avoir attendu autant de temps que les choses se mettent en place. Je suis très agréablement surpris de ce que vous avez fait, je me languis d’en voir la suite d’ailleurs, et si je peux venir vous proposer des petits défis occasionnels, je viendrai moi-même avec plaisir, même en dehors de mes heures de travail.

Ça marche, merci. Un dernier mot ?

Nos professions sont difficiles. Quand on est étudiant on est plein de questions et plein de doutes. Ça fait partie du processus, il faut souffrir pour être fort. Retenez tous que ce qu’on apprend pas par la sagesse, on l’apprend par la souffrance
Même si je ne suis pas toujours positif dans la vie, je suis très positif pour l’avenir de l’animation et de tout ce qu’on fait. Il y a beaucoup trop de trucs qui s’ouvrent et se font pour qu’il n’y ait pas de la place pour tout le monde. Il y a de la place mais soyez forts.

D’accord, merci beaucoup. Merci Anthony d’avoir joué le jeu, merci pour ta disponibilité.

Merci à vous, merci pour le BDA, d’avoir rendu ça possible, vous avez bien bossé, et ça paiera plus tard ne vous en faites pas.


Merci d’avoir lu cette interview, longue certes, et intéressante j’espère. Vous pouvez laisser un avis, si le cœur vous en dit, sur les commentaires en fin de page. ✨


Formulaire 👉 Interview



Charte éditorial indépendante 2023
by


Comité des apprenants
Téa VALLIER (B2 CAI)
Thierry ARGENSON (B3 GD)
Roland LE (B3 GD)
Leny ROUX (B2 CAI)
Enriqué GARCIA (B2 GD)
Kimberley BOULON (Alumni DG)
Rafael FRANQUET (B1 ART)
Sara TEXIER  (B3 CAI)
Loryn CORREIA (B3 CAI)

comitedesapprenants@gmail.com
















Commentaires