Alessandro UGHI

  Ici, vous retrouverez un petit entretien avec un ou plusieurs apprenants d’Artline à chaque édition du Journal. Le but de cette rubrique est de vous présenter de manière professionnelle et de mettre en avant vos travaux, vos créations et vos projets. N’hésitez pas à remplir le formulaire à la fin du journal si vous souhaitez qu’on vous mette en avant dans le cadre d’une petite interview ! ✨

Allessandro UGHI

Ce mois-ci, Allesandro UGHI, en B2 Game Design, s’est proposé pour participer à cette interview mensuelle, il a répondu gentiment à toutes nos questions en cherchant à être le plus clair possible. Merci Allesandro !


Peux-tu te présenter ?


Alessandro UGHI, un L et deux S merci (rire). Âge : 31, j’ai failli dire 30 mais non, plus maintenant, ça avance avec le temps, c’est la vie. Je vis à Nancy, dans le Grand-Est. Je suis rentrée en 2ème année directement en Game Design.
J’ai pas mal de hobby, j’ai un peu tendance à toucher à tout. Donc, je dessine - alors que je suis censé faire du game design (rire) -, j’ai aussi fait du piano par le passé et je composais aussi, je ponce les jeux vidéo, et les films et séries mais un peu comme nous tous.


Quels films / séries aimes-tu ?

Sur Netflix, je suis assez “mainstream”, c’est surtout pour suivre les sorties. Je regarde un peu le soir mais sans plus. En termes de mangas, j’aurai plus de choses à dire. Dès que je vois un dessin de Dragon Ball je suis transporté, et Berserk aussi ça a changé ma façon de voir toutes les œuvres, ça m’a tout chamboulé, il y a eu un avant et un après, j’ai pris du plaisir dans la souffrance du récit, un truc de malade. Et l’animé, c’est vieux, mais c’est incroyable surtout la musique. D’ailleurs je trouve que la musique ça fait 50% du ressenti du spectateur, je pense que ça apporte tellement.


Peux-tu me donner un top 3 des jeux vidéos que tu préfères ?

Fire Emblem est dans mon top trois, je suis un gros gros fan de ce mode de jeu. Tous les jeux de From Software, donc les Dark Souls, Demon’s Soul et plus récemment Elden Ring, c’est pour moi des grosses références. Sans oublier Nintendo, parce que j’aime un peu tout chez eux. Ce sont mes références dont je ne me lasse jamais, mais tout m’intéresse. Par exemple, je sais que je suis nul en FPS mais ce n’est pas pour autant que ça ne m’intéresse pas comme avec Overwatch 2. Ça va de Animal Crossing à Need For Speed, il y a du plaisir dans tous les types de jeux à mes yeux.

J’ai de la nostalgie avec les jeux de From Software, ça me rappelle quand j’avais essayé de jouer à Demon’s Soul vers mes quinze ans, et que j’ai arrêté parce que je trouvais ça impossible, pour finalement m’y remettre plus tard avec les Dark Souls et me rendre compte qu'en fait si c’est possible! J’ai ressenti la même satisfaction qu’au lycée quand tu arrivais à résoudre un problème de maths, la satisfaction après l’épreuve.
Nintendo, c’est un peu les gros de l’industrie mais qui cherchent encore et juste pour ça je leur dis merci. Il y a quelques exceptions certes, mais parfois on dirait que c’est un développeur indépendant qui fait des trucs comme ça pour voir ce que ça donne, comme le dernier jeu Kirby où il doit manger le plus de gâteaux possible et c’est une course. Ils tentent des trucs, parfois ils se vautrent mais ça vaut la peine d’être suivi.



"J’ai trouvé le courage de me reconvertir."



Quel est ton parcours avant Artline ?

J’ai fait un Bac S, ensuite je suis allé en Droit, je suis notaire à la base, j’ai bossé pendant 7 ans dans ce milieu, mais j’ai toujours détesté. Cependant, comme tout le monde, j’ai mes démons intérieurs qui me poussent à faire des choix avec lesquels je me dis que mon entourage va être fier, et je me dis que je peux me le permettre parce que j’avance, je fais les années les unes après les autres et je vois que ça se passe en fait. J’ai toujours bien aimé les choses, mais une fois dans le milieu, avec les gens qui ont fait du Droit, je crois que, contrairement à ce qu’ils diront, il faut avoir très peu d’empathie, il faut avoir de l’expérience pour comprendre ce que le client veut, mais pas de l’empathie. A un moment donné, j’ai trouvé le courage de me reconvertir, parce que je me sentais crever à petit feu. Il y a eu le Covid en mars 2020, tout le mois je l’ai passé sur Persona5 avec deux cents heures dessus. Puis il restait tout le mois d’avril et je me suis dit que j’allais dessiner un personnage par jour, mais c’était des dessins nuls, des dessins de bébé. Je voyais que j’avançais pas vraiment et vu que j’avais l’argent, j’ai pris la mentorship de Marc Brunet, et tous les soirs j’ai commencé à bosser sérieusement le dessin. Juillet dernier, je cherchais comment me reconvertir dans le monde de l’Art et je suis tombé sur Artline, je me suis dit que j’aimais bien le jeu vidéo et en terme de dessin j’arrivais à avancer moi de mon côté, donc j’ai voulu prendre le cursus Game Design avec pour objectif de créer un jour mon propre jeu vidéo, ou si je ne peux pas le faire seul, que je puisse avoir un regard technique pour ouvrir un studio.



Quel parcours as-tu dans Artline ?



Je suis rentré directement en 2ème année parce que je suis un gros joueur de Magic et j'avais fait mes propres cartes Magic avec mes dessins et des pouvoirs de cartes que j’ai créé. J’ai envoyé ça à Artline et ils m’ont fait passé directement en 2ème année. Mais je suis toujours ultra attaché au dessin, et même si je ne fais pas de l'art en sortant de l’école j’aime me dire que certains diront que c’est cool de discuter avec moi parce que je sais de quoi on parle. Je veux aussi me faire repérer par les étudiants comme quelqu’un qui sait dessiner, si on est amené à travailler ensemble à l’avenir. puisse avoir un regard technique pour ouvrir un studio.Je suis rentré directement en 2ème année parce que je suis un gros joueur de Magic et j'avais fait mes propres cartes Magic avec mes dessins et des pouvoirs de cartes que j’ai créé. J’ai envoyé ça à Artline et ils m’ont fait passé directement en 2ème année. Mais je suis toujours ultra attaché au dessin, et même si je ne fais pas de l'art en sortant de l’école j’aime me dire que certains diront que c’est cool de discuter avec moi parce que je sais de quoi on parle. Je veux aussi me faire repérer par les étudiants comme quelqu’un qui sait dessiner, si on est amené à travailler ensemble à l’avenir.



Quel est ton avis sur le programme de cette 2ème année en Game Design ?


On a une année vraiment axée sur le jeu de société et son histoire, ça permet de faire des prototypes papier moins coûteux, ça va plus vite et le jeu de société c’est plus accessible. Au-delà de ça, ce n’est pas inutile d’étudier les cheminements de pensée sur lesquels on s’est basé pour créer les jeux d’aujourd’hui. Le jeu de société, par sa nature un peu matérielle et ses contraintes, t’oblige à n’avoir pas trop de dés, pas trop de calculs etc, il te force à te fixer sur l’essentiel, il te force à avoir un coeur de gameplay bien ficelé et à écarter tout le reste qui n’est pas utile. Du coup, tu commences avec une base ultra solide avant de t’atteler aux détails, parfois dans des jeux vidéo tu peux voir certaines choses où tu as envie de te dire “Mais qu’est-ce que vous avez fait là ?”. Donc, il ne faut pas aller trop loin, parce que si tu vas trop loin, tu te forces tout seul à rétrograder pour revenir sur la base de ton jeu. Après le cœur de gameplay, tu peux alimenter ton jeu, surtout les jeux vidéo parce qu’il faut que ça dure plusieurs heures. Pour tout ça, je trouve que c’est trop bien, ça apprend beaucoup.

Je n’ai pas de jeux de société chez moi et pourtant j’en tire quelque chose, je pense qu’on y trouve son compte cette année en prenant un peu de recul et en ayant de l’ouverture d’esprit sur son apprentissage.


Quel est ton objectif professionnel en sortant de l'école ?


Je ne sais pas si je m'arrêterai avant ou après le mastère, parce que ça pourrait me permettre de faire de l'alternance et j’aurais déjà à moitié un pied dans l’industrie. Mais si je m’arrête au bachelor, ça sera un peu en fonction de mes finances, est-ce que je continue un peu dans mon coin, est-ce que je regroupe une équipe pour monter un studio ? Du coup pas forcément mes finances mais plutôt en fonction des financements que je pourrai trouver. Donc si je suis à sec et que je ne peux pas monter mon studio tout de suite, je chercherai un taffe dans un studio indépendant, je n’ai pas envie de rejoindre Ubisoft, parce que je veux avoir cet aspect touche-à-tout et équipe soudée, avoir ce côté cocon.



Quel est ton objectif professionnel dans 5 ans ? As-tu un projet, une mission, ou une entreprise de rêve ?


Après avoir acquis de l’expérience, je reste sur mon objectif premier, je veux garder en tête que tout ce que je fais jusqu’à présent c’est pour monter mon studio indé. J’ai appris la musique, j’ai appris le dessin, je suis en train d’apprendre le game design, je mettrai les doigts dans la programmation à coup sûr dans la formation, plus mes connaissances en Droit avec quelques connaissances en Droit International à acquérir, je suis en train de réunir les instruments pour.

De plus, j’ai découvert que créer des jeux de société c’était cool, et je m’attellerai pour le prochain à l’aspect marketing. 

Je suis quelqu’un de curieux et “d’opportuniste”, dans le sens où s’il y a une opportunité qui est sous mon nez, j’aurais tendance à la repérer et à creuser un petit peu pour voir ce qu’il y a derrière.

Donc, si financement il y a, j’essaie de monter quelque chose et sinon je trouve un travail dans une petite structure.



 Quel est ton objectif personnel au sein d'Artline ? 

J’ai repris le sport depuis que je suis au chômage, le gros classique (rire). Objectif : pouvoir marcher sur mes deux jambes jusqu’à mes 90 ans.



Serais-tu prêt à te déplacer à l'international pour travailler ?


J’ai discuté avec ma copine avant que je change de boulot évidemment, et elle serait prête à me suivre, elle est dans la pharmacie, et son diplôme avec une petite adaptation de six mois, lui permettrait de continuer un peu partout. C’est incroyable, elle est incroyable, sans son soutien j’aurais rien fait.

Si Intelligence System, les créateurs de Fire Emblem, me prenait, c’est-à-dire au Japon, je serais chaud pour me faire du japonais intensif, et ce n’est pas quelque chose qui m'effraierait.



As-tu fait un stage ou prévu d'en faire un ? Si oui, où ? Comment ça s'est passé ?


Je n’ai pas encore regardé en quelle année je pourrais faire ça, mais si c’est à partir de la troisième année, je m’y intéresserais et je partirais plus sur un stage que sur une alternance, vu que j’ai mes petits projets. Si je pars en alternance, je n’ai plus mon chômage et c'est un avantage pour moi avec les projets parallèles que je veux mener.



As-tu déjà été contacté professionnellement ?

Une couverture de bouquin, et j’ai dit non, parce que j’allais rentrer à Artline, j’étais stressé et je n’avais pas envie de lui dire “Non, finalement désolé mais j’ai pas le temps”, surtout que c’était une personne que je connaissais personnellement. De plus, l’histoire n’était pas écrite, j’ai eu un brief rapide et je veux bien avoir de l’imagination mais elle a ses limites, j’aime avoir un cadre.



Quels travaux te rend le plus fière et pourquoi ?

  • (Illustration_2) : j’ai fait mon perso favoris, j'avais commencé par arrêter son scénario, sa corpulence et établir son hero shape, c’est quelque chose que Marc Brunet fait qui consiste à récupérer les références avec des éléments que tu as envie de voir sur ton personnage et tu les rassembles pour leur donner une forme abstraite. Tu fais 3 silhouettes et tu t’arrêtes pile quand tu as envie de continuer, ensuite tu attaques et tu modifies au fil de l’histoire. C’était l’un de mes premiers concepts et il a évolué avec le temps notamment avec celui-là qui est le personnage mais dans le style de Fire Emblem. Ensuite j’ai refait le perso un peu plus dans un style Valorisant, ou Magic Spellslingers.
  • (Illustration_3) : c’est un perso de manga qu’il adore.
  • (Illustration_4) : je suis content de ce que j’ai fait pour le challenge. Elle n’est pas “belle” , enfin elle n’a pas un beau visage, mais ce n’est pas le but, le but était de faire une femme crocodile musclor, et on s’en fout si elle est belle ou pas. J’ai vraiment intégré le challenge dans mon emploi du temps, j’étais à la bourre à la fin et maintenant que je la revois, je remarque pleins de choses qui vont pas haha.

As-tu déjà expérimenté un blocage artisitque ou des craintes au niveau du dessin ? 

Là en ce moment, je suis un peu en blocage, parce que je me concentre sur le game design et ça me rend triste. C’est pour ça que je me force à faire des challenges, c’est grave utile quand tu n’arrives pas toi-même à donner une impulsion, cliquer sur un bouton c’est pas grand-chose, ce n’est pas dessiner, c’est plus facile, mais après tu as le concours et il faut le faire. Donc même si tu n’as pas envie, tu vas le faire parce que tu as envie d’avoir des retours etc...

Mon autre “blocage” était quand je venais de finir mes cours avec Marc Brunet, parce que tous les dimanches il y avait des lives et il corrigeait tes dessins, et quand j’avais fini, j'avais plus personne pour me faire des retours, et ce n’est pas les 30 likes max sur Instagram qui te disent que c’est bien. C’est horrible à dire, mais je n’aime pas dessiner pour moi, c’est-à-dire que j’ai besoin de montrer mes dessins et c’est pour ça que la commande qu’on m’a faite, fait super plaisir, parce que ça m’a montré que j’existe et que j’ai une place dans la société. C’est pas vraiment les likes, parce que ce dessin je ne l’ai pas publié, je l’ai fait pour une seule personne, mais c’était un moteur de fou, c’était une évidence que j’allais le faire et que ça allait être trop bien.

Donc, faut essayer d’avoir ce recul quand on a dessiné quelque chose et qu’on est content, il faut réfléchir à ce qui nous a motivé, “What did push my button ?”, j’avais le feu en moi à ce moment là et comment je peux recréer ça, et pour moi je crois que ce sont les concours. Vu que je suis en game design, je suis content de me mesurer au CAI parce que ça me permet de me situer par rapport à des gens qui font un cursus de dessin.



Quel logiciels/outils, utilises-tu le plus ? 

Photoshop et dernièrement, dans les cours, Card Creator et Tabletop Simulator pour créer mon prototype de jeu.



Est-ce que tu maîtrise d'autres compétences ? 

Le Droit, l’anglais et l’italien, le piano, la composition, je pense que ça serait un peu des efforts de m’y remettre mais je composais pas mal donc ça ne devrait pas être trop compliqué. J’ai fait 5 vidéos Youtube et j’ai donc fait du montage, rédaction de vidéo, storytelling tout ça.



Est-ce qu'un autre métier/domaine, dans l'industrie du divertissement, t'intéresse ou que tu aurais envie d'apprendre? 

J’ai cet objectif un peu caché de devenir illustrateur pour Magic, faire ce genre de chose me plairait de fou. Également, bosser sur le game design de Magic ça serait incroyable.



Admires-tu des artistes que tu suis quotidiennement ?

Concernant les artistes qui m'influencent, je vais avoir : 

  • @rinotuna : l'artiste est inépuisable, il crée énormément de personnages tous aussi intéressants les uns que les autres sur la base d'objets du quotidien, d'animaux etc. Je dirais pas que c'est le plus technique (même si franchement il est ouf), mais il est ultra inspirant ! 
  • @bluefley : (Marc Brunet) : lui il m'a juste tout appris en fait. Il donne des cours en ligne qui ne sont pas donnés mais qui sont incroyablement efficaces pour progresser rapidement. Il fait des retours toutes les semaines sur nos dessins, en live. Bref, ce mec est incroyable. 
  • @daverapoza : organique, viscéral et parfois horrifique, il a une façon de peindre qui me fascine, ses textures sont toujours justes et il abuse jamais de la saturation pour créer des ambiances mortes. Bref j'adore. 
  • @Dsloogie (David Liu) : ce mec a un style qui touche ma nostalgie en plein cœur à chaque fois, dans le genre manga des années 90 à la City Hunter, miomiom un régal.



As-tu des influences et comment ont-elles contribués à ton travail ?

Aaaaah, bah tout ce qu’on a bouffé jusqu’à maintenant dans notre vie, j’en sais rien, c’est terrible comme question ! (rire)

Tu sais, en France, la guerre a détruit pas mal d'architectures du Moyen-Âge, on n’a plus grand-chose au final, on a quelques châteaux mais au-delà de ça, on n’a plus grand-chose. Par contre en Italie, et j’y suis assez souvent, c’est intact, on a encore la vieille pierre. J’avoue que toutes ces histoires de chevaliers ou de la mythologie gréco-romaine, tous ces décors dans la vigne sur le flanc des montagnes, le goût que la religion donne au décor, quand tu vois un monastère, ça ne me fait pas vibrer sur le plan spirituel mais sur le plan culturel ça résonne en moi de fou. C’est pas pour rien que le Medieval Fantasy c’est mon truc, ou juste le Médiéval d’ailleurs, ça me parle systématiquement.



Postes-tu tes travaux sur les réseaux ? Lesquels ? 

Instagram. Et je crois que j’ai que Insta, parce que c’est un peu chronophage de mettre à jour plusieurs réseaux sociaux. Je suis un peu dans une période où je ne poste pas grand-chose mais j’y vais régulièrement.



Merci Allessandro !

Et merci encore à vous de nous avoir lu !


Interview réalisée par Thomas LAFOUGERE
Tous les crédits visuels viennent d'Allessandro UGHI



Charte éditorial indépendante 2023
by

Comité des apprenants
Téa VALLIER (B2 CAI)
Thierry ARGENSON (B3 GD)
Roland LE (B3 GD)
Leny ROUX (B2 CAI)
Enriqué GARCIA (B2 GD)
Kimberley BOULON (Alumni DG)
Rafael FRANQUET (B1 ART)
Sara TEXIER  (B3 CAI)
Loryn CORREIA (B3 CAI)

comitedesapprenants@gmail.com








Commentaires